Mai 2018

31/05/2018

Nous devons appeler les causes principales par leur nom !

Chères lectrices et chers lecteurs d'aidsfocus

«Je n'ai jamais utilisé de préservatif auparavant et j'avais des relations sexuelles avec des filles et des jeunes femmes par la force», disait un jeune homme (22) issu du Lesotho rural. «Dans ces moments-là, je me sentais fort parce que j'avais appris que les femmes devaient être traitées de cette manière», déclarait-il.

Voilà un exemple qui montre que la violence envers les femmes et les filles est souvent normalisée et qu'elle n'est pas reconnue en tant que problème sociétal. Le Lesotho aussi n'est qu'un exemple – dans chaque pays de cette planète, la violence envers les femmes et les filles relève plus ou moins de la «normalité».

Le 2 mai, le Réseau Medicus Mundi Suisse a tenu sa conférence annuelle à Berne sur le sujet de la violence basée sur le genre (VBG). Nous avons discuté des causes et des solutions concrètes pour empêcher la VBG et la réduire. Les intervenants et les intervenantes ont clairement expliqué qu'une approche multisectorielle était nécessaire pour combattre la violence basée sur le genre.

Le mouvement #Metoo a brisé le tabou du harcèlement et des abus sexuels dans de nombreux endroits. Et malgré cela, la violence continue à être invisible dans beaucoup de pays. Un système de santé qui fonctionne mal signifie que les victimes de viol doivent supporter seules le fardeau du viol autant d'un point de vue physique que psychique. La peur qu'on ne les croie pas ou la crainte d'apprendre que ce qu'elles ont vécu n'était pas un véritable viol signifie que beaucoup de survivantes ignorent qu'elles ont accès à la justice et à des soins médicaux.

Nous avons également discuté des raisons pour lesquelles les organisations humanitaires ne sont pas immunisées contre le harcèlement et l'exploitation sexuelle par leurs propres collaborateurs (scandale Oxfam!). L'exploitation et l'abus sexuel dans le secteur de l'aide humanitaire et de la coopération pour le développement sont motivés par des déséquilibres du pouvoir liés au sexisme, au racisme et aux structures mondiales du pouvoir. Outre le renforcement des structures organisationnelles, il faut nommer les principales causes par leur nom. Autrement, toutes les solutions vont demeurer réactionnelles et superficielles.

Achille Bapolisi, notre intervenant issu de Bukavu, chef-lieu de la Province du Sud-Kivu (RDC), est psychiatre et a raconté, lors de la conférence, les difficultés rencontrées pour accorder un soutien psychosocial aux victimes de viol dans les camps en Ouganda. Lisez l'article passionnant dans notre thème du mois.

Carine Weiss

Coordinatrice d'aidsfocus.ch

Directrice de projet Medicus Mundi Suisse

cweiss@medicusmundi.ch

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